« My soul is a cry, without asking why I said te amo »
rihanna – te amo
L'évènement le plus marquant de ma « courte » vie fut sans conteste sa rencontre avec Stella. La sculpturale, la sirène, l'empoisonneuse. Lorsqu'elle fit son entrée dans ce bar lugubre, elle était tellement rayonnante, impressionnante, que tout les regards se tournèrent vers sa silhouette. Sauf le mien évidemment, je n'étais pas de ceux qui avait seulement la possibilité d'espérer attirer son attention. Me reconcentrant sur la seule solution à mon désarrois, ce verre de whisky au gout dégueulasse, je but plusieurs gorgées qui me brulèrent la gorge. Décidément tout ces liquides alcoolisés n'étaient pas mon truc, je me disais que ça devait marcher avec la multitude de personnes ayant cette même méthode. Mes pensées déjà embuées avec ces minces gouttes, je plongeait mon visage dans mes bras. Seul, sans famille ni amis, mes études laborieuses semblant sans fin, j'étais Tobias, 20 ans, dans ce lieu avec aussi peu d'âme que moi. Perdu dans ma léthargie, il fallut que Stella tapote plusieurs fois son ongle contre la table pour que j'aperçoive sa présence. Clignant plusieurs fois les paupières, mes yeux comme des billes, elle était là, son sourire rouge carmin radieux. S'asseyant sans rien demander à ma table, elle saisit mon verre et le vida d'un coup sec. L'air interdit, j'étais aussi timide qu'un puceau devant sa vampe. Ce que j'étais, il faut le dire. Levant mes yeux brillants, je tremblais presque devant cette rencontre inattendue. La merveille paraissait sure de son influence sur moi, de sa prestance, de sa beauté. Il devait y en avoir une vingtaine avant moi, mais je m'en foutais bien, son regard semblait ne voir que mon visage. Stella saisit mon menton entre ses ongles vernis et observait chaque traits, chaque cicatrices. Je me sentit complètement nu devant cette investigation millimétré, et pourtant étrangement bien. Mes lèvres s'entrouvrirent, allant me présenter, quand son index vint se poser sur ma bouche :
- Qu'importe ton nom. Tu es le seul qui ne m'a pas accordé un regard, et je dois dire que cela fait longtemps que je n'ai pas croisé quelqu'un comme toi.
- Vous ne me connaissez même pas.
- Comme si cela importait ! L'irrésistible se mit à rire bruyamment, ce qui attira l'attention de tout les poivreaux. La tornade réchauffa mon corps, et sans que je le veuille vraiment ma voix rejoint la sienne. Nous avions l'air parfaitement idiots au fond de cette noirceur, avec notre petit soleil dans la poitrine, mais c'était le dernier de nos soucis.
I promise you forever, I promise you today, would you wear my promise ring ?
Tiffany Evans feat. Ciara - Promise ring
C'était aujourd'hui. Cela faisait 2 ans que nous étions ensemble, délai d'amour assez court je le comprends bien. Mais je savais, je sentais qu'il était temps. Ces deux années avaient été les plus heureuses de ma vie, j'avais changé d'études et dorénavant je visais le métier de professeur de Sciences ; de même j'avais retrouvé des amis. Autrement dit, tout allait aussi bien que dans le meilleur des monde. Depuis 2 semaines j'essayais sans réussir de faire cette foutue demande, le précieux boitier bien blottit dans ma veste. Stella revenait enfin de sa séance photo et je l'attendais, à genoux dans notre chambre. Sachant pertinemment que toutes les fioritures l'ennuyait au plus haut point, j'avais rayé tout ce qui était moment magique sur la Tour Eiffel, d'un dirigeable et j'en passe.
-Je.. Est-ce que tu .. ? Je t'aime tu sais, et je pense qu'officialiser .. Je butais sur chaque mot, n'ayant jamais cru que faire une demande en mariage était aussi compliqué.
- Chéri ..
- Laisse moi finir ! Hurlais-je presque. Oui donc, je pense qu'officialiser notre amour serait merveilleux, et peut-être.. Euh.. Que tu..
- TOBIAS PHOENIX BRIGHTON VAS-TU ENFIN ME METTRE CET ANNEAU ? Voyant mon incapacité a faire le moindre geste, Stella saisit la bague et la mit à son annulaire. Agitant sa main dans tout les sens pour la voir sous toutes les coutures, la fiancée arborait un sourire éclatant. Se reprenant quelques secondes plus tard, elle me jeta un regard suspicieux : Je te préviens, je ne veux pas être en blanc, ni inviter mes parents, ni faire ces jeux stupides que font les mariés.
Avec sa moue d'enfant capricieux elle était irrésistible. Je me mit à rire, me fichant bien de ces détails. Elle avait dit oui, rien d'autre n'importait. Je la saisit pour la porter en sac à patate, prévoyant une lune de miel en avance.
I can hear my heart beat, is this the last time ?
Bullet for my valentine – End of days
Je crois que c'était un jour comme les autres. Nous nous étions vu le matin, avant que j'aille à l'université et elle sous les flashs. Rien ne me laissait imaginer que cette journée serait la pire de mon existence. Mon dernier cours avant d'être officiellement professeur, la dernière formalité ; 3 ans après notre mariage. Je pense qu'elle avait choisit ce 18 juin justement car elle savait très bien que j'abandonnerais mon avenir si elle me quittait. Maintenant professeur en cette heure, nous nous retrouvâmes sur le lit, dans ce moment précieux où nous racontions notre journée. 18h. Surement trop excité à l'idée d'être maintenant apte à donner cours, je ne vis même pas qu'elle était changée. Hésitante, distante, presque tremblante. S'asseyant en tailleur à mes côtés, ce ne fut qu'après de longues minutes de silence que Stella provoqua un cataclysme dans ma vie. Un point un peu trop vite prononcé.
Nous deux.. Nous.. Je ne peux plus. Je ne veux pas te faire souffrir, et je sens que je vais faire des conneries. Elle marqua un temps. Je pensais que tu m'avais changée, que je n'étais pas cette fille volage et libre. Mais elle me manque.
- Avalant difficilement ma salive, j'étais livide. Dans un souffle, quasi suppliant : Tu es malheureuse avec moi ?
- Non non ! Ne dit surtout pas ça. Je suis une femme comblée mais.. Je ne peux pas mentir, j'ai envie de redevenir comme avant, ressentir cette excitation de tout instant. Je suis encore jeune, je ne veux pas gâcher ces moments.. Je ne veux pas regretter.
Je savais que cela devait arriver, un jour ou l'autre. J'avais enchainé, mit en cage un animal qui ne pouvait vivre sans liberté. Naïvement le mariage, ces années passées dans la même maison, m'avaient donné l'illusion qu'il en serait toujours ainsi. Emmuré dans le silence, Stella fit ses bagages et sans un mot claqua la porte de notre jardin secret devenu cendres. Joli hasard pour quelqu'un qui s'appelle Phœnix. Je me recroquevilla sur moi même et sanglota pendant des minutes, des heures, voir des jours. Durant 3 mois, je ne sortis pas, me faisant livrer les courses et vivant selon le programme télé. Un matin on m'appela, un de mes « amis » me fit savoir en grands fracas que Stella m'avait déjà remplacé. Plus jeune, plus beau, plus talentueux, je su en détail en quoi elle ne s'était pas trompée. Progressivement les larmes de tristesse devinrent larmes de rage. Le mobilier en fit les frais. Bagages fait, je laissa un mot qui désignait ma -encore- femme comme seule propriétaire de la maison. Il fallait que je parte. Quittant l'Écosse avec comme seul compagnie un chiot, je fus prit comme professeur de Sciences à l'université d'Esperia.