I TAKE YOU TO MY WORLD - Shanee. [UC]

Emmitouflée dans mon petit manteau rouge, mes cheveux emmêlés et sales tombant sur mes petites épaules, je sautillais parmi les feuilles morte, près de la berge. Un homme rigide me suivait de près, apparemment embêté de devoir s’occuper d’une enfant sauvageonne comme moi. Il toussotait dans son mouchoir, comme si il m’appelait pour que j’arrête de m’amuser et que je revienne, tel un petit chien, a ses pieds. Je savais déjà qu’il allait être bien embêté par mon caractère, et ça me faisait d’avantages sourire.

« Miss Kovalev. Revenez donc ici ! »
J’étais désobéissante, c’est vrai, mais ça voix roque et sévère m’effrayait, alors je me forçai à avancer vers lui, laissant les feuilles de l’automne.
« Je ne veux pas vous suivre. Vous êtes méchant et toujours de mauvaises humeur. »
« Et bien, croyez moi sur parole, sale sauvageonne, qu’il ne m’est guère agréable de m’occuper de vous en attendant vos parents de substitution. Alors faite un effort et soyez moins insolente. »

Je fis la moue. Pourquoi les grandes personnes étaient-elles toujours obligées d’utiliser des mots compliqués quand ils s’adressaient à des enfants. J’avais beau aimé la lecture, je n’étais pas non plus Einstein moi. En attendant que ma nouvelle famille d’accueil viennent me chercher pour m’emmener aux États-Unis, je devais rester avec ce vieux grincheux. Je décidai donc de m’amuser un peu a le faire devenir chèvre. Je lui fit un petit sourire espiègle, sachant bien qu’il ne comprenait pas ce langage et qu’il ne se doutait donc pas des futures bêtises à venir.

Il était quinze heure quand l’homme en noir décida de redresser son autorité et de m’envoyer la claque je méritais. Comme toute petite fille âgée de 7 ans et n’aimant pas les punitions, je hurlai et pleurai après avoir reçu ma correction. Il s’énerva d’avantages et c’est un coup de téléphone qui me sauva d’une nouvelle claque. C’était ma famille d’accueil apparemment. Et pendant que je ravalai mes larmes, j’écoutais, toute ouïe. Mes soit disant parents avaient de l’avance. Ouf, je ne resterai pas plus longtemps avec cet homme grognon.

A dix-sept heures, j’étais dans l’avion avec une jeune femme rousse au nez retroussé et aux grands yeux de biches, et un homme châtains avec une coiffure indescriptible. Ma nouvelle famille. La femme s’appelait Mary. Quel nom basique. Elle me racontait qu’ils habitaient un petit pavillon dans un petit quartier bordant Chicago. J’essayais de faire la petite fille difficile, mais après deux heures passées avec eux, je ne pu m’empêcher d’être passionnée par leur vie. Je ne réalisais pas que j’allais faire parti de leur famille.

« Tu sais, nous avons un petit garçon nous aussi. De 9 ans. Il s’appelle Drew. »
« Mais je vais le déranger, si je suis la moi aussi. Non ? »
« Bien sur que non. Il se réjouit de te voir. Il voulait venir te chercher avec nous, mais son passeport n’a pas encore été refait. Ils nous attend à la maison. »

Deuxième phase ; Un drame - une joie.

Treize octobre 1999 – 06h30

« Drew !!! Dégage de cette salle de bain ! J’ai besoin de me préparer moi aussi ! »
« Ça pour te préparer… Tu éviteras de te maquiller comme une catin ! Maman et papa vont encore crier. Je te rappelle que tu n’as que quatorze ans. »
« Et alors ? Toi t’en as seize, je vois pas ce que ça change. Je me maquille pas comme une Putain, alors la ferme. »
« Je te savais pas autant susceptible ! rire Je te taquine sœurette, rien de plus. »

Je lui souris. Je le savais bien qu’il me taquinait, mais j’avais horreur de ça. Je me préparais donc, allégeant mon maquillage d’ordinaire prononcé et sombre, pour ne pas qu’il ait encore l’occasion de m’embêter. C’était mon quotidien ; je lui tendais des perches invisibles, il n’hésitait pas à les prendre et à m’embêter, et c’était ça qui nous liait si fort, j’imagine. Notre complicité… je pensais qu’elle préserverait notre famille du drame… J’étais bien naïve.

Vingt-et-un octobre 1999 – 20h55
J’étais roulée en boule sur le canapé, apeurée. Drew avait disparu depuis 2 jours et personne ne savait ou il était. Papa était certain que j’étais au courant et que je le protégeais. Mais si seulement j’avais été au courant. L’ambiance étant trop pesante, je me levai, enfilai ma veste et parti à vélo dans l’obscurité. Je me dirigeai au seul endroit ou je pensai qu’il pouvait être, espérant de toute mon âme le retrouver. J’arrivai à notre studio, c’était ainsi qu’on l’appelait, et, je n’eu pas besoin d’allumer la lumière pour savoir qu’il était la. Une silhouette sombre se balançait et un cri strident sortit de ma gorge sans que je ne puisse l’empêcher… La silhouette était pendue… et la silhouette était mon frère, mon seul ami… Je laissai couler mes larmes et, tremblante, je m’avançai vers son corps inerte pour le décrocher de la poutre à laquelle il avait accroché son dernier espoir. Je passai deux heures à pleurer sur lui en silence, avant d’appeler mes parents. Mes parents adoptifs. Ils entendirent à ma voix étouffée par les sanglots que plus rien n’allait. Je culpabilisai de tout. De mon agressivité, de mes passions qui occupaient tout mon temps, de mes manques d’attentions envers lui… Il s'était suicider... Et j'avais pas réussi a le retenir près de moi ...



Vingt-et-un octobre 2001
J’étais assise sur les marches en pierre du lycée, quand je l’aperçu au loin. Il avait les mains dans les poches, ses cheveux bruns en bataille et dans son regard je pouvais, même à la distance ou j’étais, lire une immense colère. Je ramassai rapidement mes livres et couru vers lui. Arrivant derrière lui, essoufflée, je posais ma main sur son épaule, pour qu’il se retourne. Il serra le poing, croyant apparemment que j’étais quelqu’un sur qui taper. Mais son regard changea quand il croisa mon regard et sa main s’abaissa. Il baissa les yeux. Je devinai directement ce qu’il s’était passé. Il s’était encore battu. J’ignorais les raisons de ses actes, ce qu’il essayait de défendre si durement, mais je respectai aveuglement ses actes. J’étais pareille, avant la mort de Drew. Colérique, bagarreuse… Mais depuis la disparition de mon frère, je m’étais consacrée à la danse et j’avais changé de caractère. J’étais devenue plus calme, plus sérieuse par rapport à mes études. Empêchant les autres de trop s’approcher de moi pour m’éviter des souffrances. Je reportai mon intention sur Woody, essayant de croiser son regard.

« Pourquoi es-tu toujours obligé de faire ça ? »

Il me regarda enfin et je sentis mon cœur s’emballer d’avantage. Depuis que je le connaissais, je ressentais d’étrange sentiment envers lui, mais je m’empêchais généralement d’y penser, pour m’éviter de faux espoir. Je ne voulais pas m’avouer l’importance qu’il avait prit dans ma vie. Il me fit un petit signe de la tête, me répondant en silence qu’il n’en savait pas plus que moi. Puis, sans que je ne puisse m’y attendre une seule seconde, il sella ses lèvres contre les miennes, avec passion. Surprise mais envoutée à mon tour, je répondis à son baiser avec une sorte d’ivresse inconnue. Je senti sa main dans mon dos, comme pour me pousser à rester avec lui, comme si il avait peur que je ne le repousse.

The E;N;D